vendredi 16 septembre 2016

Vendredi 16 septembre - Histoire - L'historien et les mémoires de la Seconde Guerre mondiale

Séance 2 – Les mémoires de la Résistance (1944 à 2015): la mémoire dominante ?

Cours magistral: Les enjeux des mémoires de la Seconde Guerre mondiale




Accroches

Confrontation dialoguée des deux images pages 80 et 81 pour saisir l'évolution mémorielle en France portant sur les mémoires de la Seconde Guerre mondiale.

Mise en parallèle avec l'évolution politique et institutionnelle en France et ailleurs entre 1945 et 1990. 

"La marée, en se retirant, découvre [...] le corps bouleversé de la France..."

De Gaulle dans ses Mémoires de guerre,
esquisse le portrait d’une France désorientée, disloquée, prisonnière de son passé en 1945.

"Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre." 

Winston Churchill

"Il est bon qu'une nation soit assez forte de tradition et d'honneur pour trouver le courage de dénoncer ses propres erreurs. Mais elle ne doit pas oublier les raisons qu'elle peut avoir encore de s'estimer elle-même."

Albert Camus, repris par Olivier Wieworka, La Mémoire désunie, le souvenir politique des années sombres, de la Libération à nos jours, Le Seuil, Points Histoire, 2010

"La mémoire de la Seconde Guerre mondiale apparaît comme une mémoire fragmentée, conflictuelle et politisée."

Olivier Wieworka, La Mémoire désunie, le souvenir politique des années sombres, de la Libération à nos jours, Le Seuil, Points Histoire, 2010

"Voir dans l'unité de la Résistance, le moyen capital du combat pour l'unité de la nation, c'était peut-être affirmer ce qu'on a depuis appelé le gaullisme."

André Malraux, discours prononce lors du transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon le 19 décembre 1964


Cours en autonomie: Les élèves sont organisés par groupes et se répartissent les questions en vue de recomposer les réponses obtenues en un texte structuré dont le plan est donné. Les réponses sont rédigées et une réponse finale rédigée est donnée par groupe en vue d’un partage.


- Quelle mémoire domine en France durant la période 1944-1969 ? Pourquoi cette mémoire domine-t-elle ? Qui en est porteur et l'impose ? Comment s'impose-t-elle ? (1 page 80, 4 page 87 et pages 82-83, A page 86) 
 
- Quelle idée centrale impose cette mémoire dominante ? Qu'occulte-t-elle et quels problèmes cette mémoire dominante pose-t-elle ? (Page 86)

- Comment évolue la mémoire de la résistance après 1970 (page 92, 5 page 93) ?


Comment répondre de manière argumentée à une question  ?


Méthode déductive
Exemple/Appui sur le document: Photographie de 1960 au Mont valérien où le Gdg rend hommage aux résistants avec un mémorial.

Idée développée sous forme de phrase:l'Etat français met en avant la mémoire de la résistance.

Généralisation - utilisation d'un concept ou d'une notion : On parle de résistancialisme, concept défini par Henri Rousso dans Vichy, un passé qui ne passe pas.

Méthode inductive
Généralisation - utilisation d'un concept ou d'une notion : On parle de résistancialisme, concept défini par Henri Rousso dans Vichy, un passé qui ne passe pas.

Idée développée sous forme de phrase:l'Etat français met en avant la mémoire de la résistance.




Exemple/Appui sur le document: Photographie de 1960 au Mont valérien où le Gdg rend hommage aux résistants avec un mémorial.

Plan à suivre pour produire une réponse rédigée : (pas d’introduction ni de conclusion exigées)


I) Les mémoires de la Seconde Guerre mondiale en France de 1944 à 1969 : la mémoire dominante de la Résistance et du résistancialisme


II) Les mémoires de la résistance remises en cause : l’affirmation des mémoires de l’Occupation et du génocide juif et tzigane


Cours dialogué - Reprise


I) Les mémoires de la Seconde Guerre mondiale en France de 1944 à 1969 : la mémoire dominante de la Résistance et du résistancialisme

Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, France divisée et meurtrie. Triomphe du Résistancialisme (Henry Rousso, Vichy, un passé qui ne passe pas): image d’une France combattante, unie face au danger nazi, l'image d'une France héroïque et résistante. 


"La marée, en se retirant, découvre [...] le corps bouleversé de la France..."

De Gaulle dans ses Mémoires de guerre,
esquisse le portrait d’une France désorientée, disloquée, prisonnière de son passé en 1945.


Mémoire de la résitance est dominante pour éviter après le conflit, la guerre civile et pour éviter d'avoir à désorganiser l'Etat, tout en permettant aux résistants de bénéficier d'une valorisation.

Ex: la figure de Jean Moulin, visage mis en valeur et incarnation du résistant sacrifié (Panthéon, Musée à Paris dans le XVème)


Dès la libération de paris, le GdG fixe la ligne politique (http://www.ina.fr/video/I00012416).
 
Course à l’unité patriotique et volonté de restaurer l’unité nationale sous de Gaulle, chef de la France libre et participation au GPRF (gouvernement provisoire de République Française) = idée que Vichy n’est pas la France.


Fondé sur le culte de la Résistance, mémoire mythifiée : appuyée sur témoignages des acteurs de la résistance, seuls entendus et mis en avant par le pouvoir politique gaullien et ses successeurs : c'est le résistancialisme (Henry Rousso, définition page 86).



Pourquoi cette mémoire de la résistance ?
- France fait partie des vainqueurs et ne veut garder d'elle-même que le souvenir de la vixctoire et de l'unité. la volonté est politique, elle est imposée par GDG et les autres partis politiques, notamment le PC, parti des fusillés.
On oubliera par exemple les morts de la drôle de guerre (1939-1940), on oubliera le STO et les collaborateurs.
- Eviter la guerre civile et une épuration sauvage
- Maintenir la continuité de l'Etat et de refonder une république, tout en oubliant Vichy  

Comment s'impose-t-elle?


- Témoignages mis en avant de résistants (lettre de Guy Mocquet, détenus de Buchenwald - 1page 90)

- Films qui glorifient la résistance (Bataille du rail, René Clément)
- Hommages publics et manifestations rendus aux soldats tombés, aux résistants , à Jean Moulin (entrée au Panthéon)


- Mémoriaux et monuments, édifices avec l’idée de Lieux de mémoire (Pierre Nora) : Croix de Lorraine, Mont Valérien (inauguré le 18 juin 1960)…= monumentalisation de la mémoire et instrumentalisation par la IVeme république et la Ve République, notamment sous De Gaulle avec l’aide de Malraux

- Musées inaugurés : Musée de la résistance nationale à Champigny sur Marne (1966)


- Lois d'amnistie de 1947, 1951 et 1953 qui permettent la réconciliation, évitent l'épuration et donnent l'impression que le sort de la guerre est réglé

- Discours publics, anniversaires, journées commémoratives (journée nationale de la déportation en 1954) et commémoration + utilisation du cinéma français d’après guerre pour célébrer la Résistance (La Grande Vadrouille, La Bataille du rail de René Clément)



Objectifs et conséquences de cette mémoire prépondérante: 

- amnésie et oubli volontaire de la guerre, de ses ruptures et trahisons + occultation et déni de l'Occupation et de l'absence de résistance française
 

+ Réhabilitation du régime vychiste par l’historien Robert Aron (double jeu pétainiste, “le glaive et le bouclier” pour De Gaulle et Pétain, les deux faces d’une même résistance à l’intérieur et à l’extérieur)

- lois d’amnistie (1947, 1951 et 1953)= l’épuration est plus symbolique que réel (3 page 87)


Oubliés de cette mémoire résistancialiste: 

- juifs et tziganes, victimes et rescapés des camps, déportés (STO…) et soldats défaits et tués en mai 1940, victimes
- impasses face à l'existence


II) Les mémoires de la résistance remises en cause : l’affirmation des mémoires de l’Occupation et du génocide juif et tzigane


1969 : rupture, c'est la fin de la période gaulliste au pouvoir

 
Remise en cause: “le syndrome de Vichy” (Henry Rousso, définition page 86)= incapacité des Français à assumer Vichy et son bilan


A) par des oeuvre d’historien : A partir de 1972, publication et parution de Vichy et les juiis par Robert O Paxton, un historien américain= déportation devient génocide (définition créée en 1944 et utilisée pour le Tribunal de Nuremberg) = RUPTURE, accentuée par les procès Eichmann en Israël, et incarnée


B) Contexte des 1970’s favorable: mouvement de jeunesse contestataire contre l’ordre établi + développement des mass medias (TV) + procès retentissants qui en découlent


C) Par des oeuvres d’autres nature: Le Chagrin et la pitié de Marcel Ophüls et Lucien Lacombe de Louis Malle


= les autres mémoires se laissent entendre


Pour aller plus loin
:Voir et lire Les écrans de l’ombre, Sylvie Lindenberg


Mais victimes et statuts de victimes ignorés dans les discours


Revendications mémorielles se font entendre de la part de groupes minorés ou ignorés (juifs…)


Refus de l’Etat de reconnaître le génocide et responsabilité


Procés d’Eichmann a déjà bougé les lignes mais les procès de Klaus Barbie (1987) et de Papon sont les déclencheurs d'une modification de la position de l'Etat français : 1995 - Jacques Chirac, Président de la République, reconnaît la responsabilité de l’Etat français.


Travail pour le lundi 19 septembre: 

Travail en Histoire
Travail individuel 
- Produire une frise enrichie et complétée à partir de la chronologie pagfe 81 et des éléments de chronologie déjà donnée
 

Travail collectif
- Quelle mémoire de Vichy s'impose jusqu'aux années 1970 ? (A page 86, 2 page 87) 

- Quelles mémoires de la Seconde Guerre mondiale s'affirment après 1970 et pourquoi ? Quelles œuvres sont responsables d'un changement de compréhension et de lecture des années noires ? Quels impacts ont elles sur la mémoire de Vichy et de l'Occupation ? (Page 91 et 2 page 93)

- Par quelles actions se traduisent l'affirmation de la mémoire de Vichy ? (1, 4, 5, 6 page 98-99) ? Pourquoi ce procès peut-il avoir lieu ? (4 et 5 page 99)

Axes et plan à suivre pour produire une réponse rédigée : (Phrase d’introduction et de conclusion exigées)


I) Les mémoires de la Seconde Guerre mondiale en France de 1944 à 1969 : la mémoire de de la Résistance et le résistancialisme occultent pour des raisons politiques, la mémoire de Vichy et de l’Occupation malgré l’affirmation relative de la mémoire de la déportation

II) Les mémoires de la résistance ainsi remises en cause entraînent la libération de la mémoire de l’Occupation et des autres mémoires liées…

III) … obligeant l’Etat à reconnaître et à assumer sous la pression ses responsabilités

Travail en géographie
Travail individuel à faire en ligne pour mercredi 21 septembre au soir
https://goo.gl/forms/edzDvQPngjYgASBM2

Travail collectif à rendre sous format numérique pour mercredi 21 septembre
- Sujet page 44 ou 45 au choix